Témoignage de Mélanie qui a eu une môle partielle

  • Témoignage de Mélanie
    Témoignage de Mélanie

    le 12/05/2021 à 18:40 Citer ce message

    Peux-tu te présenter, et présenter ta famille ?

    Je m’appelle Mélanie, je suis mariée depuis bientôt 12 ans et notre fils a bientôt 11 ans. Nous avons eu envie d’agrandir la famille en 2019. Nous avons eu notre petit garçon au bout de 2 ans d’essai, plusieurs examens de contrôle de fertilité et un traitement sous clomid. J’avais un peu peur de repasser par ces étapes jusqu’en septembre 2020 où j’ai découvert le +. Moment de joie pour nous 3, nous commençons à planifier les prochains mois, faire les travaux dans la maison pour accueillir bébé, bref, plus rien ne pouvait nous freiner, nous avions réussi sans aide médicale cette fois.
    Premier rendez-vous avec ma gynéco, tout se passe bien, rien d’anormal, nous avons vu bébé à l’écho, entendu son cœur, bref nous sommes aux anges. Elle nous dit néanmoins d’attendre encore un peu pour l’écho de datation car elle n’est pas d’accord avec nous sur la date de conception.

    L’annonce de ta maladie trophoblastique, comment tu as su ?

    Nous avons su qu’il y avait un problème, le 20 novembre, lors de l’échographie de datation. On nous dit : « il y a un problème, il y a une môle, il y a un retard dans la croissance du bébé, c’est bizarre vous auriez dû faire une fausse couche, continuer cette grossesse c’est vous mettre en danger ! »
    Nous sommes abasourdis, comment est-ce possible ? Notre bébé est là, son cœur bat, ce n’est pas possible d’arrêter cette grossesse. Il doit y avoir une solution.

    Quel a été ton parcours ensuite ?

    Nous avons vu une généticienne, j’ai eu une choriocentèse et on m’a préparé psychologiquement à l’IMG. Quand on posait des questions pour savoir quelle serait la suite en détails, on nous répondait : « pour l’instant on ne sait pas, on attend d’avoir tout les résultats pour prendre une décision définitive »
    J’ai été portée par l’équipe médicale, je ne réalisais pas vraiment ce qui était en train de se passer, les consultations et examens s’enchaînaient, les aller-retours à la clinique également.
    La choriocentèse, le 24 novembre, se passe plutôt bien malgré la peur et le stress. Je passe une écho avant le retour à la maison et là, le couperet tombe : le cœur du bébé s’est arrêté. Choc, incompréhension, injustice. Pourquoi ? Pourquoi nous ?
    L’IMG est planifiée pour le 1er décembre. Je réalise petit à petit que je vais devoir accoucher, on va me déclencher. J’en suis à 14 semaines de grossesse, c’est trop tard pour une aspiration et il faut préserver mon utérus au maximum. On nous dit que l’on pourra voir notre bébé, une fois sortit. Nous avons hésité jusqu’au dernier moment, nous avions peur d’être choqués et d’avoir une mauvaise image de notre bébé, idéalisé jusque-là.
    La journée du 1er décembre était une journée spéciale, en suspension, un moment d’arrêt dans ce monde, j’étais entourée d’amour par mon mari présent, ma famille et amis présents en pensées et l’équipe médicale qui était bienveillante à chaque étape.
    J’ai eu un curetage (très douloureux) après avoir donné « naissance » à notre fille Ange. Prénom que l’on a choisit tous les 3.
    Nous avons décidé de la voir, et nous ne regrettons pas. Nous avons pu lui dire combien on l’aime et on l’aimera pour toujours.
    Le lendemain, nous avons eu confirmation de la môle partielle avec triploïdie du bébé et risque d’un choriocarcinome. Après surveillance des beta hcg, mon taux est devenu négatif mi février. Les semaines étaient rythmées entre le labo, l’attente des résultats et la réponse de Lyon.

    Qu’est ce qui a été le plus dur ?

    Il y a 2 moments qui ont été très difficiles à vivre :
    - les journées entre l’annonce de l’arrêt du cœur de bébé et l’IMG
    - le retour à la maison, sans mon petit ventre arrondi, les montées de lait à gérer et nos projets de travaux restés en suspens.

    Que retiens-tu de tout ton parcours ?

    Je retiens d’avoir été dans un nuage brumeux sans avenir, en perdant confiance en la vie. Je retiens surtout que l’on aime ses enfants et que l’on devient parent dès le + du test. Peu importe ce qu’il se passe. J’ai porté ma fille seulement 3 mois mais cet amour entre nous est indéfectible. Et cette sensation de manque est insupportable, elle me manque vraiment. Avant tout cela, je ne pensais pas que cet amour inconditionnel était possible aussi tôt, même en étant déjà maman.
    Qu’est ce qui t’a aidé durant cette période difficile ?
    L’amour et la bienveillance de mon mari, mon fils, ma famille et amis. Même si certaines personnes n’avaient pas de mots, le fait de savoir qu’ils pensent à nous et nous soutiennent moralement, c’est déjà beaucoup dans ces moments sombres.

    As-tu quelque chose à dire pour ces femmes, ces couples à qui on vient d’annoncer la maladie ?

    L’amour vainc tout ! Malgré les épreuves que la vie nous envoie, l’amour remporte toujours la bataille. Entourez-vous des personnes chères à votre cœur, que vous aimez. Les jours ensoleillés vont revenir. Croyez en votre force intérieure.

    Y a-t-il quelque chose, un mot, une phrase, une situation qui t’a affecté?

    - Porter mon bébé sans vie car pour moi j’ai porté la mort, elle m’a habité pendant plusieurs jours. C’est une sensation insoutenable.
    - Une phrase m’a marqué : Vivement que tu sois débarrassé de ça.
    Même si tout ce parcours a été dur, à aucun moment je n’ai eu envie de me « débarrasser » de mon bébé, je l’ai même portée et accompagnée au plus loin que je pouvais.

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